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VIVE LA VERDURE !
Elles se sentent bien, dans leur rue de Monastir. Calme, bon voisinage, commerces à proximité... Un seul reproche : la rénovation grignote les coins de verdure, si plaisants pour les promenades quotidiennes. « Les habitations ont été construites en 1936, au moins, estime Andrée Le Tanter. Mon mari est né ici en 1938. Ses parents habitaient un appartement tout neuf qu’ils avaient reçu quand ils étaient jeunes mariés. » Des petites maisons et des immeubles de trois étages, entretenus régulièrement, soulignent les dames, avec un revêtement en briques rouges récemment posé pour améliorer l’isolation qui leur donne un petit côté nordique. « C’est vrai que les maisons ne sont pas modernes, reconnaît Andrée Le Tanter. On a une grande salle avec l’évier dedans, mais moi, ça ne me fait rien. » Pas de cuisine à part non plus dans l’appartement qu’habite Danièle Vilain. Si cet aménagement à l’ancienne ne gêne pas les deux voisines, il influe sur le peuplement du quartier. Quand les anciennes et anciens décèdent, les logements vacants changent fréquemment de locataires : « Les jeunes viennent en dépannage, puis ils partent parce qu’ils veulent plus moderne. » La belle vie Andrée Le Tanter, née à Falaise en Normandie, vivant à Nantes depuis ses 
14 ans, habite sa « petite maison » depuis 1999. Elle a bataillé pour l’obtenir : « J’ai renouvelé ma demande tous les six mois pendant cinq ans. Je voulais un bout de jardin ! » Mais elle connaît la rue de Monastir depuis le début des années 1960, puisqu’elle a en 1963 épousé un natif. Andrée Le Tanter et Danièle Vilain
L’ESPRIT DE FAMILLE Liliane et Mado ON ÉTAIT BIEN Monique et Josiane VIVE LA VERDURE ! Andrée et Danièle LE FOOT DANS LA PEAU Christine

Avec sa belle-mère, qui habita là de son mariage à son départ pour une maison de retraite à 93 ans, elle allait au grand lavoir, supprimé avec la construction de la rue de Préfailles et ses immeubles. « Le soir, les gens se réunissaient au square, mignon comme tout. Les femmes tricotaient, ça se faisait beaucoup à l’époque. Les enfants jouaient. C’était la belle vie, bien plus qu’aujourd’hui. »

Aujourd’hui, si « on se parle beaucoup dans la rue », on se réunit très peu. Le repas collectif du « printemps des voisins » ne remporte guère de succès. « Ça s’est fait, mais ils étaient tous saouls le soir ! » commente Danièle Vilain. Elle est arrivée il y a une vingtaine d’années, expulsée de son appartement, sans avoir choisi le quartier qu’elle ne connaissait pas. Elle travaillait chez des personnes âgées, une profession qu’elle appréciait : « On discute avec les personnes, on connaît leur vie. On apprend des choses intéressantes. »

 

Virées entre copines

Danièle Vilain a rejoint, avec une autre voisine joliment prénommée Mimosa, le groupe des « vieilles copines » d’Andrée Le Tanter. Tous les mercredis midi, elles déjeunent ensemble au restaurant. Elles bavardent : « Les hommes en prennent plein leur giron ! »

Danièle Vilain aime « aller en ville, par le tram. Je regarde les vitrines, je fais mon marché le samedi à la Petite Hollande, des fois je vais à Atlantis. » Elle fréquente l’atelier multimédia du centre socioculturel Accoord des Bourderies : « C’est comme ça que j’ai pu mettre les photos de mon appareil sur mon ordinateur ! »

Andrée Le Tanter ne goûte pas ces plaisirs-là. Dès l’âge de 16 ans, elle a vendu des fruits et légumes au marché : « Les marchés, j’en suis ratatouillée ! ». Elle n’apprécie ni les grands magasins ni l’affluence en général. Pas davantage les activités collectives du Centre. « Je n’ai pas envie d’y aller.
J’ai des copines qui viennent, je trouve ça plus rigolo. 
» Son bonheur, ce sont les balades à pied. « J’aime bien faire mes petits tours par là. J’y vais le matin de bonne heure. Vers 11 h, je vais acheter mon pain, et  j’y retourne. Encore vers 16 h, et puis après manger le soir. »

 

 

Ça va être que du béton !

Plusieurs fois par jour, donc, Andrée Le Tanter emprunte la rue Étienne-Hervais, et parvient à une zone jadis très arborée, qui subit une rénovation très forte. « Ils nous ont fait une razzia dans le fond ! Ça me chagrine, car j’allais toujours faire mes tours dans les petits jardins. Détruire le petit parc avec des beaux arbres, quel massacre ! Bientôt, il n’y aura plus du tout de verdure ! Il y a une dame qui en a fait une dépression. » L’abattage des arbres qui bordaient les rues la contrarie particulièrement : « Il y avait de beaux cerisiers. » Consolation partielle, il n’est prévu d’y construire, selon cette femme bien informée qui suit quotidiennement les travaux, que des petites maisons.

En revanche, Andrée Le Tanter ne s’inquiète aucunement de l’arrivée de nouvelles habitantes et habitants.
Déjà, elle a fait des connaissances : « Je rencontre plein de monde et je discute. Je crois bien que je suis la seule dans le quartier à faire ça. »